Astuce: pour enlever cette publicité Jimdo, jetez-donc un oeil sur JimdoPro ou sur JimdoBusiness...

 

 

Réquisitoire biographique

contre Riou et Pouchain...

 

Riou Pouchain, c’est quoi, c’est qui ? un couple de patineurs tombés en désuétude ? une hydre à deux têtes qui pense en parallèle ? ou une paire de faux jumeaux empêtrée dans le cordon ombilical d’une fée nourricière qui n’aurait existé que dans leur imagination ?

De leurs débuts au café-théâtre où ils firent leurs premières armes à la conception de documentaires où ils sévissent actuellement, leur parcours relève de l’atypique et du saugrenu ! A toujours vouloir être le contre champ et le contradicteur de l’autre, leur parcours finit par ressembler à un tissu de contradictions.

 

D’abord, avant de sévir avec Yves Riou en 1979, le jeune Philippe Pouchain tentait de calmer l’ardeur de sa libido par l’escalade en haute montagne. Coiffé d’un large béret, il aime gravir les sommets et observer les mouflons qu’il imitait à merveille. Mais par-dessus tout, il aime somnoler dans des igloos, entouré de ses bruyants collègues chasseurs alpins dont il adore les doux ronflements si rassurants à 4000 mètres d’altitude… Alors, entre le silence des cimes neigeuses et la symphonie primitive de ses compagnons de cordée, il peut donner libre cours à ses rêves. Seulement à cette haute altitude et au contact de ces chauds gaillards, il peut s’interroger sur son avenir… Entre le métier de berger d’alpages et celui d’animateur de troupeaux, il hésite longuement… puis finit par choisir le second uniquement par bravade et par goût de la farandole savoyarde.

 

Arrivé à Paris en chantonnant la célèbre ritournelle « Tous les Acadiens, toutes les Acadiennes… », il fut accueilli à bras ouverts par la troupe du « Big Bazar » alors qu’il rêvait de chanter chez « Les petits chanteurs à la croix de bois ». Peu importe ! entre l’Olympia, les feux de la rampe, les autographes et les télés, notre homme jubile, que dis-je, il pavoise ! l’ancien cul terreux se voit entrain d'escalader les marches de la gloire et de franchir le sommet de la réussite…

 

Malheureusement, l’ego de l’ancien chasseur alpin vint à se boursoufler, le malheureux ne peut plus enfiler son large béret tellement il a le « melon », une telle grosse tête qu’il a du mal à la porter.

 

 En plein succès et en plein jackpot, le tiroir-caisse du « Big Bazar » finit par exploser, la troupe se disloqua ! adieu, filles faciles draguées entre la loge et la chambre à coucher. La « tête enflée » se transforme vite en « tête réduite ».  Traumatisé, abandonné par tous, l’homme au large béret se retrouve à la rue et ne cesse de se parler à lui-même, il se soulage dans une diarrhée verbale permanente. En plein babil, il  se dit qu’il a commis là une grossière erreur en choisissant ce futile métier et prend la décision de remonter vers les Alpages pour en parler à ses chères brebis …

 

 A la même époque, Yves Riou, sorte de grand lémurien rêveur au physique d’adolescent indolent, siestait entre les rayons des bibliothèques où il avait élu domicile. Pour dégourdir ce corps dont il n’aime pas les contours, par passion pour Charlie Chaplin, par admiration pour le Baptiste incarné par Jean Louis Barrault dans les « Enfants du Paradis » et parce qu’il trouve que les gens parlent trop, il décide un beau matin de faire silence. Pour lui, les gestes devraient remplacer les mots car l’âme humaine se reflète plus à travers le mouvement des corps  qu’à travers la danse des mots.

 

Devenu totalement mutique, le Darwinien ne s’exprime plus que par mimiques et contrepèteries corporelles, réservant sa prose uniquement lors de l’acte amoureux où il chantonne parfois : «Tous les acariens, toutes les acariennes… ». Evidemment, avec un tel slogan, les conquêtes féminines se raréfièrent… et à ses rares amis, il n’avait plus rien à dire que quelques gestes que lui seul comprenait.

 

Perclus de solitude, abandonné à son triste sort, le faux muet voulut recouvrir la parole, mais de sa bouche, plus rien ne sortait, les mots l’avaient abandonné… Il consulta les plus grands orthophonistes, rien n’y fit, les mots ne voulaient toujours pas passer. De chiropracteurs en marabouts, un instinctothérapeute lui conseilla d’avaler chaque jour une page du petit Larousse et une infusion de mots croisés. Ce qu’il fit  consciencieusement et avec abnégation, mais rien ne se produisit, les mots paraissaient s’être évaporés définitivement, alors il décida de partir en Abyssinie sur les traces de Rimbaud pour retrouver quelques mots dans le désert.

 

C’est ainsi qu’un beau jour, Riou et Pouchain se retrouvèrent à bord du PLM (Paris, Lyon, Marseille)… Assis l’un en face de l’autre, l’un parle pendant que l’autre gesticule ! entre diarrhée verbale et chorégraphie gestuelle, ils se parlent sans s’écouter et se comprennent sans se comprendre. L’un perd ses mots, l’autre les rattrape au vol et les transforme en gestes! Pas besoin de traduction simultanée, une sorte d’espéranto burlesque vient de naître… Témoins de la scène , les quelques voyageurs présents dans le wagon se gondolent et applaudissent ce spectacle surréaliste et les deux larrons comprennent à cet instant qu’il viennent de rentrer dans un autre monde.

 

Depuis ce fameux voyage, Riou et Pouchain ne se sont plus quittés….